L’avis de Bernard de Saint-Hubert (Autographe)
Ceux qui suivent le sport automobile belge – et particulièrement les courses sur circuit – depuis quelques années connaissent le logo rouge-blanc-bleu d’Autographe. Durant les heures de gloire du Procar (dans les années ’90), ce logo s’affichait sur la BMW M3 du champion de Belgique Jean-Michel Martin. En 2011, Edouard Mondron (avec Stéphane Lémeret) avait remporté le titre en BTCS sur une Renault Mégane portant aussi les couleurs d’Autographe. Et en 2013, c’est toujours avec ce partenaire que les frères Mondron sont devenus Champions de Belgique de Sprint en BRCC. Dans la continuité, Guillaume Mondron avait encore représenté la société wavrienne l’an dernier pour ses débuts au volant d’une SEAT Leon TCR.
“Evidemment, mon passé en sport automobile m’encourage à soutenir des programmes tels que celui des frères Mondron sur la SEAT ou à me charger de l’équipement de la Leading Car et de la Safety Car dans le TCR Benelux. Je reste un grand fan de sport automobile !”
L’homme qui parle en ces termes, c’est Bernard de Saint-Hubert, le créateur et le patron d’Autographe, partenaire du TCR Benelux 2016. “Le lancement du TCR Benelux vient, selon moi, au bon moment. Il y avait vraiment un manque de vraies courses de sprint passionnantes à suivre. On a vu lors de la première épreuve que c’est très prometteur. Le concept du TCR est séduisant et cela nous donne envie d’inviter notre personnel et nos clients pour assister de nouveau à de vraies courses automobiles.”
Des luttes à couteaux tirés, Bernard de Saint-Hubert en a connues durant les heures de gloire de la Formule Super VW. Après sa victoire dans le Volant Pilette, Bernard a débuté en Formule Vee avant de se diriger vers la compétition européenne de Super VW. Nous sommes alors dans les années ’70.
“Grâce aux primes, on pouvait boucler le budget. Et comme nous roulions souvent en prologue de la F1, nous bénéficiions de pas mal d’attention,” se souvient-il. “Des garçons comme Rosberg ou Surer sont ensuite arrivés en Formule 1. Moi, j’ai battu Surer lors de l’épreuve européenne à Nivelles. Mais le manque de motivation – enfin, surtout la difficulté de trouver le budget pour passer à la Formule 3 européenne – et le manque de ce que l’on appelait déjà à l’époque un “Manager” m’ont poussé à tirer un trait sur ma carrière de pilote et à créer ma propre société. Je suis tombé un peu par hasard dans ce créneau. J’avais repris un petit garage – qui s’appelait déjà Autographe – et, via un contact avec un gendarme, nous avons reçu comme mission d’équiper quelques véhicules de la Gendarmerie. C’est comme ça que tout a commencé, avec un seul collaborateur.”
Depuis lors, Autographe est une référence pour la construction d’ambulances, de véhicules d’intervention pour les pompiers, de voitures d’aide médicale urgente ou de véhicules de Police. Pas moins de 60 spécialistes construisent environ 1.100 véhicules par an. Pour transformer une “camionnette” en une ambulance toute équipée, il faut compter environ 250 heures de travail dans les ateliers situés à Wavre. Et la réputation d’Autographe dépasse allègrement les frontières de la Belgique, et même de l’Europe. Cinquante ambulances ont été livrées en République Dominicaine et pas moins de 360 véhicules fabriqués par Autographe roulent actuellement au Ghana.
“Vu le terrain spécifique dans ces pays, nous construisons les ambulances sur base de véhicules 4×4,” précise Bernard. “Et pour faciliter le travail d’associations comme Médecins sans frontières, nous préparons actuellement des laboratoires mobiles avec tout l’équipement nécessaire.”
En parallèle de sa carrière en monoplace, de Saint Hubert a souvent eu l’occasion de s’illustrer lors des 24 Heures de Spa. En 1972, alors qu’il n’a que 21 ans et qu’il n’a jamais roulé sur le “grand Francorchamps” auparavant, il est aligné aux côtés de Gérald Simonis dans une BMW Groupe 1 de l’équipe Précision Liégeoise. Le duo termine 13e.
En 1973, il partage une Opel Commodore Groupe 1 du Team B&O avec Bernard De Dryver. “C’est l’année des accidents mortels,” se souvient “Stub’”. “Avec le recul, rouler sur le vieux Francorchamps était insensé. Mais en tant que jeune pilote, on n’y pensait pas trop.”
Après l’Opel Marabout en 1974, Bernard a de nouveau fait équipe avec Willy Braillard sur une Celica du Toyota Racing Squad en 1975 puis, l’année suivante, il faisait partie des troupes de Vauxhall Magnum.
“Après le lancement d’Autographe en 1975, je suis toujours resté ouvert aux propositions pour les 24 Heures,” poursuit notre interlocuteur. “Grâce à mes bonnes relations avec Wim de Jonghe, le Président du Belgian VW Club, et J.G. Mal-Voy, le secrétaire général, j’ai pu partager une VW Golf GTI officielle aux 600 Km de Spa 1977 avec Daniel Herregods. Nous avons gagné notre classe et terminé 7e du général.”
Pour les 24 Heures, les deux compères ont reçu le renfort de Luc De Cock. De nouveau, ils ont dominé leur classe… avant d’être trahis par leur mécanique. Un an plus tard, de Saint Hubert, De Cock et Herregods étaient de nouveau intégrés à l’armada VW pour piloter une Scirocco. Ils avaient notamment comme équipiers Jacky Ickx et Brian Redman.
Le dernier fait d’armes de Bernard de Saint Hubert en tant que pilote remonte aux 24 Heures de Spa 1980. Au volant de VW Scirocco et de VW Golf portant les couleurs du Belgian VW Club, les équipages Carlier-de Saint Hubert, Ménage-Hardy-Fermine et Martin-Cerruti-Gillet ont remporté la prestigieuse Coupe du Roi.
“Le fait que je ne sois pas monté sur le podium pour la remise de cette coupe en disait déjà long sur mon état d’esprit. J’étais déjà sous la douche, voire même rhabillé, quand on m’a appelé pour la cérémonie. Je ne savais pas qu’il y avait un podium pour ça… Sous l’influence de Jean-Michel Martin (encore lui !), j’ai acheté il y a cinq ans la Surtees TS20 avec laquelle Brambilla a roulé en 1978 et j’ai disputé deux saisons de F1 historiques. Finalement, j’ai donc bien piloté une Formule 1 ! (rire) Et pour la finale de la VW Fun Cup en 2014, quelques amis m’ont convaincu de ressortir le casque. C’était vraiment en dernière minute : je n’avais même pas de licence. Dès que je me remets derrière le volant d’une voiture de course, tous les automatismes reviennent, mais je ne veux plus rouler pendant toute une saison. Je n’ai pas le temps et je prends énormément de plaisir dans la gestion d’Autographe. C’est évidemment ça ma priorité !”