“Alors, ça fait quoi de rouler aux 25h VW Fun Cup ?” : part 2

Circuit Circuit en Belgique Martin

Après des essais prometteurs, notre collaborateur Martin Businaro a poursuivi son aventure aux 25 Heures VW Fun Cup. La voiture du représentant de Speed Magazine allait s’élancer depuis la 34e position sur la grille, et sa progression allait être pour la moins mouvementée lors des premières heures de course…

Samedi 8 juillet : Presque spontanément, je vais voir ma belle 290 à mon réveil. Bigre, qu’est-ce qu’elle est élégante avec sa livrée blanche et ses bandes noires et bleues. Comme quoi, pas besoin d’une déco bariolée pour qu’une VW Fun Cup soit belle. J’échange quelques mots avec Jean-Michel Baert, le patron de Comtoyou Racing. La bonne humeur est au menu du jour, tout comme le soleil. On va passer une belle journée. Oliver et Adrien sont chargés de faire le Warm Up. Le team a installé de nouvelles plaquettes qu’il faut impérativement rôder. Les mécanos nous ont concocté une caisse aux petits oignons.

Après un dernier exercice de changement de pilote, il est déjà temps d’aller sur la grille de départ. La décontraction est totale. On fait des photos, on dit « Bonne m**** » aux copains qui roulent aussi et on bavarde gaiement. Nous partons 34e, et c’est Oliver qui effectuera le premier relais. Notre début de course est prometteur mais agité. Oliver effectue un parcours sage et monte progressivement dans la hiérarchie. Après tout, n’avait-il pas achevé son premier stint dans le Top 5 il y a 12 mois ? Malheureusement, certains pilotes n’ont pas le même sang-froid que mon équipier allemand. On doit effectuer un premier arrêt prématuré pour remplacer une lame avant suite à un contact avec un concurrent s’étant rabattu sur Oliver. Nous voilà descendus au-delà de la 90e place ! Mais on ne peut que remonter…

“Mieux vaut tourner en 3’10 et ne pas faire de faute plutôt qu’essayer de tourner en 3’03, se viander et perdre 1 heure à réparer au stand”

20h15 : Mon téléphone sonne. C’est Kathleen, notre « Time Keeper », une vraie nounou pour les pilotes du team. « Martin, tu prends le volant dans 30 minutes. ». En même temps que j’enfile d’une façon presque robotique combi, casque et gants, la tension monte d’un coup. Je suis le débutant de l’équipe, alors pas question de décevoir. Olivier descend, je monte. La procédure est respectée. Je démarre. La voix d’Olivier Chaineux, mon ingé, crépite dans mes oreillettes : « Test radio ! Martin, va faire le plein. ». Après m’être arrêté à la pompe du circuit, je monte en piste. Soudain, en plein dans la montée de Kemmel, VLOUSH ! L’essence gicle sur mon pare-brise ! Le pompiste avait mal refermé la trappe du réservoir… Un arrêt-éclair à mon stand plus tard et me revoilà en piste, moyennement amusé par ma mésaventure.

Pour ce premier relais, j’essaye de me caler sur un rythme « safe », tournant de façon métronome en 3’09 ou 3’10. Ok, cela ne me mettrait pas en pole. Après tout, mieux vaut tourner en 3’10 presque tout le temps et ne pas faire de faute plutôt qu’essayer de tourner en 3’03, se viander et perdre 1 heure à réparer au stand. Un incident pendant mon stint va appuyer ma théorie : juste après m’avoir dépassée à Bruxelles, la 19 du Mega Fun Team, qui joue la gagne avec Pierre-Yves Corthals et Maxime Soulet, s’accroche avec un autre concurrent à la sortie du double gauche. Game Over pour Pilou et sa bande.

A cause des écarts de niveaux entre les concurrents, les incidents dans les pelotons regroupés se multiplient. L’utilisation des seules Safety Cars est une vraie ineptie. L’an prochain, il faudra impérativement revenir aux Full Course Yellows. Je termine ce premier stint aux alentours de la 60e place, sans avoir fait de marche arrière dans la hiérarchie. Ce premier exercice de 1h30 m’a permis de faire le plein de confiance et c’est le cœur léger que je vais écouter Enjoy the silence repris par le groupe Seven avant de piquer un petit somme.

Dimanche 9 juillet : Quand les douze coups de minuit sonnent, nous sommes remontés à la 51e place. Et ce n’est pas fini. Oliver, Adrien et Olivier vont enchainer les doubles relais toute la nuit. Kathleen me réveille à 4h35 du mat’. Je prends le volant dans un peu plus de 2 heures. Un brin de toilette, un article expédié fissa sur le site et me revoilà dans ma chère et tendre 290. Sur le coup de 7 heures, nous sommes 29e. Olivier me dit clairement à la radio : « Nous pouvons faire quelque chose de bien ». Comme lors de mon premier relais, j’adopte un rythme sage et j’évite de brutaliser la voiture. Après tout, il reste encore 10 heures à avaler. Cette 290 est un régal à piloter. Elle est très saine, prévisible et sa direction est étonnement légère. Certains n’aiment pas, mais moi j’adore. Résultat, je termine mon relais frais comme une rose !

Je suis aux portes du Top 20 quand je termine mon stint ! Nathalie, la mère de Mathieu Detry, me tape dans la main. Je K-I-F-F-E ! Si nous continuons ainsi, une place dans le Top 15 nous attend. Pour une première participation, ça aurait été le kif. Mon collègue Vincent Franssen est lui aussi épaté par notre prestation. A 9h53, c’est le dur retour à la réalité. Adrien revient en catastrophe au stand. Il faut changer le cardan arrière-droit. Et même plus puisque notre VW Fun Cup ne dispose pas des dernières pièces fournies par WRT. Une heure plus tard, Adrien est de retour : l’autre cardan vient de céder. Un ultime contretemps suite à une touchette avec un autre concurrent enterrera nos espoirs de résultat pour de bon.

“Je suis aux portes du Top 20 quand je termine mon stint ! Nathalie, la mère de Mathieu Detry, me tape dans la main. Si nous continuons ainsi, une place dans le Top 15 nous attend”

Me sentant mal (le coup de la déception ?), je me réfugie dans ma couchette. Je relativise rapidement : « Martin, cela aurait pu être pire. Pense à ton ami Arnaud Galle qui a fondu en larmes quand il a appris que sa 17 avait pété son cardan. Pense aux gars de la 888 qui visaient la victoire et qui ont eu une casse moteur après 3h30. Toi, tu es un pur novice et te voilà, toi et tes équipiers, dans le Top 20 ! ». C’est Oliver qui m’extirpe de mon sommeil. Nous parlons un peu dans les stands. Plus que jamais, je me rends compte à quel point j’ai la chance d’avoir un équipier rempli de sagesse. Tel un mentor avec son élève, il me rebooste en quelques minutes et m’offre même sa boisson spéciale pour mon dernier relais.

« Tu vas vivre un moment exceptionnel ». C’est sur ces paroles formulées par Oliver que j’entame mon dernier stint. Nous n’avons plus rien à jouer, alors je m’attèle à rallier l’arrivée sans encombre. Tout se passe bien, et je me laisse glisser jusqu’au drapeau à damier. Je profite de chaque dernier moment dans cette sacrée 290. Finalement, nous terminons dans 81e, à 48 tours de la 277 victorieuse avec Bollen-Mondron-Kluyskens-Bouvy. Mais je souris dans mon casque. Certes, nous terminons loin mais nous avons répondu aux attentes de Jean-Michel qui nous estimait capables de viser une place dans le Top 20. Je m’arrête sur la grille de départ, juste à côté de la 284 AC Motorsport de Colin Barvaux et ses amis, qui n’ont aussi pas eu de chance. Je coupe le contact. Une dernière fois. Rideau !

Dernier passage par l’hospitality Comtoyou pour un dîner. Le team a connu des fortunes diverses. La 291 de Bustin-Lieutenant-Dermont-Latragna, bien remontée après ses soucis de boîte, termine 4e. La 287 de Detry-Dejonghe-Dupont finit 15e suite à une malheureuse panne d’essence. Et les Biplaces 371 et 352 ont fait le plein de passagers pendant la course. C’est l’occasion de faire un petit débrief. Et je suis flatté par les compliments des pilotes expérimentés du team. « Je t’ai suivi en fin de course, et tes trajectoires sont très belles », m’indique Jacques Morlet. « Adapter un rythme métronome 3’09-3’10 en course, c’est très bien pour un débutant », ajoute Michel Nothomb.

Le soleil se couche sur Spa. Une petite tape sur le toit de ma 290 et il est déjà temps pour moi de rentrer dans ma cambrousse. Je me remémore une phrase que m’a dite mon ingé Olivier : « Tu as bien raison de vivre tes rêves ». Et c’est vrai que j’ai vécu un rêve de gosse quatre jours durant. Alors merci au Comtoyou Racing, Oliver, Adrien, Olivier, Jean-Michel, Sylvie, Kévin, Steve, Chris, Kathleen, Fabienne et tous les autres membres de l’équipe pour cette merveilleuse première participation aux 25 Heures VW Fun Cup. Promis, juré, d’autres suivront !