Après le Monte-Carlo, la Suède et le Mexique, trois épreuves très spécifiques, le Tour de Corse était le premier rallye “conventionnel” permettant de jauger réellement le niveau des forces en présence cette année en WRC. Et sur l’asphalte plus particulièrement.
Entre confirmations et interrogations, Speed vous propose un petit retour analytique “à froid” sur cette édition 2018 du Giru di Corsica.
L’info n°1: Sébastien Ogier reste clairement le leader du championnat et la référence absolue. Visiblement assoiffé de victoires après avoir dû se satisfaire de deux petits succès l’an dernier, le Gapençais n’a jamais été menacé sur l’Île de Beauté. 10 secondes d’avance après la première spéciale, 33 au soir de la première étape, 44 après deux jours de course et encore 36 à l’arrivée; le pilote Ford a dominé l’épreuve et contrôlé sans peine son avance au volant d’une Ford Fiesta WRC clairement en progrès par rapport à la saison dernière. Pas de doute, Ogier va être très difficile à battre cette année…
L’info n°2: les Toyota sont très performantes sur l’asphalte aussi et Ott Tänak a vraiment envie de prendre sa revanche sur la saison dernière et de rivaliser pour le titre avec Ogier. Au point même qu’il semble logique de le considérer comme l’adversaire n°1 d’Ogier pour le titre mondial… Une fois qu’il eut trouvé le bon set-up sur le tarmac, l’Estonien s’est montré irrésistible. Derrière Ogier. Tänak terminait la deuxième étape en force, faisant craquer Meeke et prenant en même temps l’avantage sur Neuville. Avec trois meilleurs temps en poche, il s’offrait le premier accessit derrière le Champion du Monde en titre.
L’info n°3: Thierry Neuville a fait ce qu’il a pu, mais la Hyundai est en retrait en termes de performances. Vainqueur l’an dernier, Thierry n’a jamais réellement eu voix au chapitre cette année. Attaquant très fort durant trois jours, le leader du clan Hyundai a dû se satisfaire d’un podium. Et comme sa Hyundai a manqué de fiabilité dans la Power Stage, il ne pouvait même pas aller grappiller quelques points en plus. Ca va être franchement compliqué pour Neuville d’inquiéter Ogier le titre cette année. Mais comme Hyundai a malgré tout réalisé une bonne opération au championnat Constructeurs, tout va bien chez les Coréens…
L’info n°4: Sébastien Loeb reste clairement le chouchou du public et des médias, qu’ils soient français et étrangers. Durant tout le week-end, c’est le nonuple Champion du Monde qui a attiré le plus les regards. Surtout qu’il avait entamé très fort l’épreuve en signant le 2e temps dans la spéciale d’ouverture. Malheureusement, une sortie de route très “bête” l’attendait au détour d’un enchaînement du début de la deuxième spéciale. Reparti en Rally2, Loeb allait s’offrir au final 3 meilleurs temps. Pas mal pour un retraité… Et si l’Allemagne s’ajoutait à son mini-programme 2018?
L’info n°5: Chez Hyundai, Neuville est décidément bien trop seul. Avec l’engagement d’Andreas Mikkelsen pour un programme complet et l’utilisation des talents de Paddon et Sordo sur les rallyes devant leur convenir, Hyundai semblait sur le papier très bien armé pour cette saison 2018. Mais il faut bien avouer que jusqu’à présent, ni Mikkelsen ni Paddon ni Sordo n’ont réellement marqué les esprits. Si l’Espagnol finissait quand même quatrième, un résultat positif pour le championnat Constructeurs, c’était à plus de 2 minutes sur ce qui est pourtant sa surface de prédilection. Quant à Mikkelsen, septième, c’est à se demander s’il était en Corse ou en Laponie…
L’info n°6: Esapekka Lappi est la star de demain! Le jeune Finlandais a une nouvelle fois “tué” son équipier finlandais, Jari-Matti Latvala. Même si ce dernier n’avait pas dû abandonner suite à une sortie de route endommageant son arceau samedi soir, le bilan aurait été très mauvais pour ‘Jean-Marie’. Le seul bémol de la course de Lappi, c’est une petite erreur dimanche matin qui lui coûtait peut-être tout simplement la deuxième place… Terminant en trombe, Lappi s’offrait les 5 points de la Power Stage en plus de ceux engrangés avec sa 6e place finale.
L’info n°7: La tactique de Citroën Racing n’a pas porté ses fruits au niveau comptable. Même si le retour de Loeb a été un réel succès sur le plan médiatique et même au niveau purement sportif, l’éviction malheureuse de Craig Breen au Mexique et en Corse a sans doute coûté cher en points à l’équipe française. Arrivé en 4e position du championnat après le Mexique, Kris Meeke a malheureusement commis à nouveau une faute lourde de conséquences, sortant de la route dans la 10e spéciale après une erreur de note de son copilote. A cet instant, il était 2e ex-aequo avec Neuville devant les Toyota de Tänak et Lappi. Au final, le Britannique terminait malgré tout 9e. Un résultat insuffisant pour conserver sa place au championnat. Il est désormais 5e avec 36 points. Ogier en compte déjà 84.
L’info n°8: M-Sport va devoir demander à Elfyn Evans de hausser un peu son niveau de jeu si l’équipe de Malcolm Wilson veut conserver le titre Constructeurs. Evoluant dans le ventre mou du peloton des WRC et après deux scores vierges, le Gallois terminait malgré tout cinquième. Son meilleur résultat de la saison évidemment. Disposant de la troisième Fiesta WRC officielle, Bryan Bouffier n’a pas pu faire aussi bien qu’au Monte-Carlo, fermant clairement la marche avant son abandon suite à un souci de moteur.
L’info n°9: Skoda ne compte pas céder facilement son statut de référence de la catégorie R5. Très solide de bout en bout, Jan Kopecky s’est offert une superbe victoire en WRC-2, agrémentée de la 8e place finale au classement général. Son équipier Veiby s’est quant à lui contenté de la 4e place de la catégorie, terminant quelques secondes derrière la Fabia privée d’Andolfi, après avoir perdu plus de deux minutes avec une boîte bloquée en première.
L’info n°10: La Citroën C3 R5 est bien née! Même si Citroën Racing devait se contenter d’un premier accessit avec la 2e place de Yoann Bonato derrière Jan Kopecky, les chronos de la nouvelle arme de Citroën pour la Compétition Client ont prouvé qu’elle était “dans le coup” et compétitive. Affecté trop vite par des soucis de freins dans l’ES1, qui allaient malheureusement être aussi à l’origine de sa sortie de route – pour le compte – samedi matin, Stéphane Lefebvre a malgré tout eu le temps de s’offrir deux meilleurs temps en 4 spéciales! L’équipe avait une dernière frayeur à l’issue du contrôle technique final, qui révélait un écart de 44 grammes entre le poids de la crémaillère de direction spécifié sur la fiche d’homologation (5956 grammes) et le poids mesuré (5911,6 grammes), conséquence d’une interprétation différente de la configuration de la pièce (avec ou sans les tubulures). Mais la morale était sauve puisque Bonato conservait sa deuxième position tandis que l’équipe écopait d’une amende de 10.000 euros. La fiche d’homologation sera rectifiée.
(c) Photos Alexander Ramon