Après six longues semaines de pause, le championnat de France F4 FFSA Academy reprend enfin ses droits ce week-end dans les rues paloises, un rendez-vous mythique du sport automobile. Comme Monaco en F1 ou Macau en F3, les courses en ville sont toujours très particulières, grisantes pour le public très nombreux à Pau, mais surtout pour les pilotes déboulant au milieu des murs et des glissières, sans le moindre droit à l’erreur
Créé officiellement en 1900, le GP de Pau était au départ une course de 300 km dont le départ et l’arrivée étaient jugés au coeur de la cité paloise. Et la première édition fut remportée par la Panhard de l’aristocrate belge René De Knyff.
Il fallut attendre 1958 pour revoir un Belge s’imposer, cette fois sur le vrai circuit urbain servant de cadre à la 77e édition de ce week-end. Mais il ne s’agissait pas de monoplace : Olivier Gendebien avait imposé sa Ferrari 250 GT lors d’une épreuve de 3h disputée en lever de rideau.
Beaucoup de grands noms ou champions de F1 se sont imposés à Pau en monoplace que ce soit en F2, F3000 ou F3 : pas mal de Français bien sûr avec François Cévert, Patrick Depailler, Jacques Laffite, René Arnoux, Jean Alesi, Olivier Panis ou plus récemment encore Romain Grosjean et Esteban Ocon, mais aussi des stars telles que Juan-Manuel Fangio, Alberto Ascari, Jack Brabham, Jim Clark, Jochen Rindt, Juan Pablo Montoya ou Lewis Hamilton.
« Les qualifications souvent cruciales en ville »
Côté Belges, seuls deux pilotes ont réussi à s’y imposer en monoplace : Eric Van de Poele vainqueur du GP de F3000 en 1990 et David Saelens en 1997 et 1998 en F3 Française. Vingt ans plus tard, Ugo rêve de refaire retentir la Brabançonne dans la cité béarnaise.
« J’aime beaucoup ce tracé en ville demandant beaucoup de précision, » indique notre très jeune loup. « L’an dernier, ce n’était que la 3e course de ma vie en voiture. J’avais dû découvrir le circuit sur le sec en qualifications car l’unique séance libre avait été arrosée. Cela n’avait pas été facile mais je m’étais bien amélioré en course pour finir à moins d’une seconde des meilleurs. Et surtout, j’étais un des seuls à n’avoir commis aucune faute sur tout le week-end. Si je pouvais répéter cela ce week-end ce serait déjà bien ! »
Douze mois plus tard, il est clair que notre représentant vise bien plus haut. « Je me suis bien entraîné sur mon simulateur. Mon principal objectif sera de défendre au mieux mon leadership. On va essayer de gérer ce délicat week-end le plus intelligemment possible. Je serais très heureux si je peux quitter Pau dimanche soir toujours en tête du championnat. Avec une avance accentuée avant d’aborder, début juin, ma course à domicile à Francorchamps. Comme toujours sur les circuits en ville, la qualification de vendredi fin d’après-midi s’annonce cruciale. J’espère pouvoir y trouver un tour clair car avec une vingtaine d’autos en piste et des expériences différentes ce ne sera pas évident. Mais bon, c’est pareil pour tout le monde. Ensuite, il s’agira de prendre un bon départ et d’éviter les fautes et les embuches. La course 2 avec le Top 10 inversé s’annonce particulièrement chahutée sur ce tracé où il est quasi impossible de doubler. C’est encore plus étroit qu’à Monaco ! D’autant qu’on annonce une météo très variable… Enfin, on ne va pas se tracasser avec cela. Je vais essayer comme toujours de donner le meilleur de moi-même et de profiter de mon expérience. Je pense que l’on s’est bien préparé même si, contrairement à d’autres, je n’ai plus eu l’occasion de rouler depuis les tests de Magny-Cours. J’ai donc hâte de rebaisser la visière de mon nouveau casque que je trouve magnifique et de pouvoir profiter au maximum de ce week-end exceptionnel en lever de rideau de la F3 se produisant ici pour la dernière fois, du moins au niveau européen puisqu’en 2019 elle se produira en prologue des GP de F1. »
Les souvenirs de Thierry Boutsen et d’Eric Van de Poele
Un GP de Pau dont Thierry Boutsen, dernier Belge à s’être imposé en F1, garde un souvenir mémorable. « J’adorais ce circuit en ville où il faut attaquer. J’ai signé la pole là-bas en F2 en 1982 au volant de ma Spirit Honda, » a raconté « Boubou » à Ugo lundi dernier à Autoworld lors d’une soirée consacrée aux 101 Belges ayant participé aux 24H du Mans. « J’ai fait une quinzaine de tours en tête avant que mon câble d’accélérateur se grippe et reste bloqué à fond. J’ai néanmoins réussi à terminer la course au 2e rang derrière la March de Johnny Cecotto en jouant avec le contacteur pour accélérer et couper les gaz. »
Eric Van de Poele, lui, a gagné huit ans plus tard en F3000. « Je me souviens qu’on devait remonter au maximum les caisses car la route était bombée et on touchait le fond plat à plusieurs endroits. J’avais les bons réglages et les bons repères. D’ailleurs je me rappelle avoir donné mes notes à Emanuelle Naspetti qui s’est imposé deux ans plus tard. »
Ingénieur chez Dallara, concepteur des châssis F3, le Belge Jos Claes qui sera aussi présent à Pau ce ce week-end a également donné quelques précieux conseils à notre jeune représentant. A Ugo maintenant de les appliquer au mieux…
Source : Com