GT4 | Alpine, Ginetta & KTM : “Light is Right”

Circuit Circuit International Martin

Lorsqu’il est question de chercher la performance en sport automobile, les options ne sont pas si nombreuses. Entre quête de puissance et chasse aux kilos superflus, il faut souvent choisir. Nous nous intéressons aujourd’hui aux constructeurs qui ont parié sur la légèreté de leurs machines homologuées en GT4 : Alpine, Ginetta et KTM.

Relativement confidentielle en France, Ginetta existe pourtant depuis 1958. Installée à Leeds en Angleterre, la marque construit artisanalement une gamme complète de voitures de course, de la petite G40 à la G60 engagée le week-end dernier aux 24 Heures du Mans dans la catégorie LMP1.

Commercialisée pour moins de 130 000 € HT – ce qui en fait la voiture la moins chère du plateau – la G55 GT4 se distingue d’abord par son poids : 1085 kg avant l’application de la balance de performance SRO. Avec son moteur Ford V6 3,7L de 380 ch, elle affiche donc un rapport poids-puissance de 2,85 kg/ch, pas si lointain des 2,72 kg/ch d’une Mercedes AMG GT4.

« C’est très certainement la seule vraie voiture de course du plateau, avant l’arrivée de l’Alpine A110 GT4 qui s’inscrit dans la même démarche ‘light’ », avance Charly Bourachot, le boss de l’équipe CMR. « En partant d’une voiture de base plutôt petite et peu chère, un constructeur se donne une belle marge de manœuvre pour rester dans le coût maximum de 200 k. Cela permet de monter une boîte de vitesses conçue pour la compétition, de bonnes suspensions, de travailler sur l’aérodynamique… »

« Sur la Ginetta, on a une boîte de vitesses séquentielle Hewland, avec une commande équivalente à celle d’une GT3, un pont Drexler, un faisceau électrique Motec… Tout ceci forme un ensemble homogène, bien plus que sur une voiture issue d’un modèle de base à plus de 100 000 € », détaille encore Charly. « La boîte de vitesses est vraiment l’organe le plus important, car il détermine à la fois le plaisir, la performance, la facilité et le coût d’exploitation. »

EN TÊTE DU CHAMPIONNAT DE FRANCE FFSA GT !

Après les meetings de Nogaro et Pau, c’est d’ailleurs une Ginetta qui caracole en tête du Championnat de France FFSA GT. Avec deux victoires, une deuxième et une troisième place, Robert Consani et Benjamin Lariche ont tiré le meilleur du matériel mis à leur disposition par l’équipe Speed Car.

« Je ne suis peut-être pas le pilote le mieux placé pour faire un comparatif, car je n’ai conduit que cette GT4 », prévient Robert Consani, converti du rallye au circuit au début de la saison dernière. « J’ai rencontré Pascal Destembert et il m’a proposé d’essayer sa Ginetta. J’ai été conquis au point d’en acheter une pour disputer le Championnat de France FFSA GT ! Je devais partager le volant avec un ami qui n’a pas donné suite et j’ai fait la connaissance de Benjamin Lariche. Aujourd’hui nous sommes évidemment très heureux de cette association ! »

« Je trouve que la Ginetta a un look sympa », poursuit le leader du Championnat de France. « Elle est simple à conduire au début. Pour aller vite, c’est autre chose ! Avec l’équipe Speed Car, nous avons bien compris que la vitesse pure n’est pas l’élément le plus important. Nous travaillons très dur pour trouver des réglages peu agressifs pour les pneus. Sur ces courses d’une heure, la clé vient de la constance du comportement et de la complémentarité de l’équipage. On pourrait être tentés d’être plus agressifs, notamment en qualifications, mais cela irait à l’encontre de notre philosophie. »

La Ginetta serait-elle donc la voiture idéale pour le Championnat de France FFSA GT ? Charly Bourachot répond sans langue de bois : « Ce produit est presque parfait, avec notamment un coût d’exploitation très réduit. Ginetta joue le jeu sur le prix des pièces détachées et la voiture use si peu les pneus qu’on peut faire jusqu’à 700 km avec un train de Pirelli ! Le revers de la médaille concerne deux aspects : la vitesse de pointe, limitée à 235 km/h en raison du manque de travail sur l’aérodynamique interne, et… le nom ! Ginetta est une marque sans réelle histoire et ce manque de prestige peut freiner certains clients, à tort. »

ALPINE BIENTÔT EN PISTE

À l’évidence, ces deux défauts ne devraient pas être ceux de l’Alpine A110 GT4, qui fera ses débuts à l’occasion du meeting de Dijon (13-15 juillet). Créée en 1955 par Jean Rédélé, la marque mythique est en pleine renaissance et cette entrée en piste coïncide avec l’arrivée des berlinettes du XXIe siècle sur les routes européennes.

« L’Alpine aura toutes les qualités de la Ginetta », assure Charly Bourachot, qui engagera les deux premières A110 GT4 avec CMR. « Le moteur quatre cylindres 1,8L turbo offre plus de couple qu’un atmosphérique et ce sera bénéfique dans les bagarres au sein du peloton. Côté aérodynamique, la voiture de base a été très bien pensée et nous allons profiter de ces qualités pour afficher une vitesse de pointe similaire aux Audi ou Mercedes. L’Alpine pourrait vite devenir une arme redoutable, même si aucun modèle ne prend jamais d’avantage définitif grâce à la balance de performance SRO. »

Commercialisée au prix de 160 000 € HT, l’Alpine A110 GT4 est dérivée de la version Cup, utilisée dans le cadre d’une formule monotype. Le poids de base reste contenu à 1080 kg, tandis que les principales modifications concernent le moteur – avec une puissance maxi grimpant jusqu’à 360 ch – et l’aérodynamique avec l’ajout d’un splitter et d’un imposant aileron arrière.

L’OVNI KTM

Cette ode à la légèreté ne serait pas complète sans évoquer la KTM X-BOW GT4. Sorte d’ovni à quatre roues, ce véhicule a été développé par Reiter Engineering sur la base d’une coque carbone fabriquée par Dallara. L’habitacle est fermé par un système de canopée évoquant le cockpit des avions de chasse et l’aérodynamique n’a rien à envier aux monoplaces les plus sophistiquées !

La motorisation est assurée par un quatre cylindres 2.0L turbo Audi de 360 ch, accouplé à une boîte de vitesses séquentielle Holinger. Ancrés directement sur la coque, les amortisseurs réglables WP complètent une fiche technique très alléchante. Malgré son poids de base de 975 kg et sa vitesse de pointe de 265 km/h, la X-BOW n’a pas encore trouvé le chemin des podiums, mais rien n’est jamais joué d’avance en Championnat de France FFSA GT !