L’inoubliable édition des TotalEnergies 24 Hours of Spa 2021 a été remportée par Ferrari après un sans faute d’Iron Lynx qui a offert à la marque italienne son premier triomphe dans les Ardennes depuis 2004, mettant fin à plus d’une décennie de domination allemande.
La #51 a toujours été la plus rapide en piste, sur le mouillé ou le sec, avec Alessandro Pier Guidi, Côme Ledogar ou Nicklas Nielsen au volant. Partie de la 13ème position sur une grille de 58 voitures, elle s’est installée à la deuxième place à la quatrième heure et a pris la tête juste à temps pour marquer, au cap du quart de course, le maximum de points au classement de l’Endurance Cup du Fanatec GT World Challenge Europe Powered by AWS.
Peu avant minuit, l’équipe italienne s’est vue infliger une pénalité pour une infraction commise lors d’un ravitaillement en carburant, mais elle est solidement restée dans la course. Pier Guidi a été l’auteur d’une phase nocturne exceptionnelle, ce qui a permis à la Ferrari de reprendre la tête à mi-distance, ajoutant 12 points supplémentaires au classement de l’Endurance Cup.
Alors que le soleil se levait sur le circuit signifiant la dernière ligne droite vers le drapeau à damier, la #32 Audi Sport Team WRT s’est révélée comme le challenger le plus sérieux de la Ferrari. Parti 54ème après une qualification désastreuse, l’équipage composé de Dries Vanthoor, Charles Weerts et Kelvin van der Line effectuait un retour mémorable. À 9h00 dimanche matin, la voiture était deuxième, bien qu’à ce stade, la Ferrari emmenait le peloton avec 40 secondes d’avance.
Ce n’est qu’au cours des quatre dernières heures que la bataille pour la victoire a vraiment commencé. Rencontrant un trafic dense à Blanchimont, Nielsen a donné à Van der Linde l’occasion de le passer à l’Arrêt de bus. Le pilote Audi a plongé à l’extérieur et a brièvement pointé le bout de son capot avant de renoncer face à la résistance de son adversaire et au rail qui s’approchait rapidement.
Lors de l’avant-dernière phase des arrêts aux stands, Pier Guidi est monté à bord de la Ferrari, tandis que Vanthoor s’est installé dans l’Audi. Au terme d’une bataille de chefs, entre deux pilotes d’élite des courses GT, c’est l’Italien qui s’est imposé, prenant le large durant la 23ème heure et disposant de plus de 20 secondes d’avance lorsqu’il s’est arrêté pour la dernière fois et a chaussé des Pirelli slicks.
Lorsque Vanthoor s’est arrêté un tour plus tard, l’équipe Audi Sport Team WRT semblait impuissante pour replacer son pilote aux commandes, mais l’écurie belge avait une dernière carte à jouer. Bien que la piste soit encore sèche, des pneus pluie ont été montés sur la #32. C’était un choix osé. Les cieux se sont alors ouverts juste au moment où Vanthoor reprenait la piste au sommet du Raidillon, offrant ainsi au pilote Audi un énorme avantage.
Avec les slicks, Pier Guidi a tenté de résister, mais la pluie a redoublé et simplement garder la voiture sur la piste dans la bonne direction devenait compliqué. Iron Lynx n’avait d’autre choix que de rappeler son pilote pour un nouvel arrêt et de céder la tête à l’équipe Audi Sport Team WRT. Pendant ce temps, la Ferrari #33 Rinaldi Racing heurtait le rail sur la ligne droite de Kemmel, nécessitant l’intervention de la voiture de sécurité.
Une fois le peloton réuni, et avec un peu moins d’une demi-heure encore à rouler, Vanthoor était séparé de la Ferrari Iron Lynx par cinq voitures. Revenir sur le leader semblait presque impossible, mais Pier Guidi s’est donné une chance de se battre jusqu’au bout et a passé les attardés en deux tours. Le chasseur était devenu le chassé.
Il est rapidement devenu évident que la Ferrari était beaucoup plus à l’aise dans ces conditions de piste, et Pier Guidi visiblement plus rapide au Raidillon. Il n’a mis que quelques tours pour remonter sur Vanthoor et a saisi sa première chance de le dépasser aux Combes, à 10 minutes de la fin. Le pilote Audi a tenu bon, mais Pier Guidi s’est créé une autre occasion quelques virages plus tard.
A haute vitesse et sur un circuit détrempé, l’Italien a osé passer Vanthoor à l’extérieur à Blanchimont. Au terme d’une manœuvre mémorable, Pier Guidi est passé et a repris la tête de la course. Vanthoor n’a rien pu faire. Quelques tours plus tard, la #51 Iron Lynx franchissait la ligne d’arrivée pour décrocher la première victoire de Ferrari sur les TotalEnergies 24 Hours of Spa depuis 2004 et la première d’une marque non allemande sous l’ère GT3.
Derrière le duo de tête, l’Aston Martin #95 Garage 59 complète le podium général et est la seule à terminer dans le même tour. L’équipage composé de Nicki Thiim, Marco Sorensen et Ross Gunn a été tout simplement excellent, discret mais réalisant une course solide et sans erreur afin de signer le premier podium général d’Aston Martin depuis 2008.
Audi Sport Team WRT termine quatrième avec la #37, suivie de la Porsche KCMG #47 et de l’Audi Sport Team Saintéloc #25. L’équipe JOTA obtient une superbe septième place et offre à McLaren son meilleur résultat au général dans les Ardennes, suivie par la Lamborghini #63 Orange1 FFF Racing, la #66 Audi Sport Team Attempto et la Mercedes-AMG #89 AKKA-ASP.
Madpanda Motorsport s’impose en Silver Cup avec sa Mercedes-AMG #90, offrant à la jeune équipe d’Ezequiel Perez Companc son plus beau succès à ce jour. Considérée comme un outsider avant la course, la voiture a profité d’une averse pour passer en tête après seulement deux heures de course et est restée aux commandes de la catégorie par la suite.
Gagner ne fut pas une formalité, en particulier après qu’un drive through pour non respect des limites de la piste ait permis à l’Aston Martin #159 Garage 59 de se rapprocher. Mais l’équipage Perez Companc, Rik Breukers, Patrick Kujala et Ricardo Sanchez a su rester dans le rythme de façon opportune tout en gardant son sang-froid durant la dernière averse afin de signer une belle victoire dans la catégorie. Toksport WRT a pris la deuxième place assurant ainsi un doublé Mercedes-AMG, tandis que Garage 59 terminait troisième sous le drapeau à damier.
AF Corse s’est aussi adjugé un doublé en Pro-Am, sa cinquième victoire dans la catégorie et la première depuis 2015. L’équipage #53 composé de Duncan Cameron, Matt Griffin, Rino Mastronardi et Miguel Molina s’est imposé face à la voiture sœur, la #52, s’assurant un confortable avantage dans le dernier tiers de la course. Succès sur toute la ligne pour la 488 GT3, qui termine également quatrième grâce à Sky Tempesta Racing. Seule intruse, la Lamborghini #77 Barwell Motorsport, troisième, venue compléter le podium de la catégorie.
Le Hägeli by T2 Racing remporte le duel 100% Porsche en Am Cup, en bagarre avec la #23 Huber Motorsport, qui l’avait devancée au petit matin avant de sortir violemment au Raidillon. Dans le même temps, l’équipe Hägeli by T2 Racing avait regagné les stands, mais l’équipe a pu reprendre la course et remporter la victoire avec Pieder Decurtins, Manuel Lauck, Marc Basseng et Dennis Busch.
Comme toujours, il y a eu des histoires de malchance. La Lamborghini #63 avait l’air solide durant les heures nocturnes mais elle perdait un tour après deux drive-through pour excès de vitesse dans la voie des stands. En bagarre pour reprendre la quatrième place, elle écopait d’un autre drive-through pour avoir provoqué le tête-à-queue de la Ferrari #93, et avant qu’une crevaison à deux heures de l’arrivée ne lui coûte encore plus de temps.
Les espoirs de Mercedes-AMG se sont envolés au petit matin lorsque la #88 AKKA-ASP soutenue par l’usine a été contrainte à l’abandon en raison d’un amortisseur arrière gauche cassé. Après avoir pris le départ depuis la pole, la voiture est restée l’une des principales concurrentes à la victoire durant la majeure partie de la course et occupait la troisième place lorsque la casse s’est produite.
Pas de chance non plus du côté des quatre équipages éliminés à 22 minutes du départ. Heureusement, tous les pilotes impliqués s’en sont sortis sans blessure grave, témoignant de l’efficacité du travail du personnel d’intervention du circuit et des normes de sécurité incroyables des GT3 modernes.
Finalement, l’édition 2021 devrait rester dans les mémoires comme une classique. L’arrivée d’une pluie intense au cours de la dernière heure et l’incroyable bataille pour la victoire qui a suivi n’auraient pas pu être mieux scénarisées, alors même que le choix des pneumatiques par Audi Sport Team WRT s’avérait une stratégie magistrale. Mais il était impossible de surpasser le rythme de Pier Guidi pendant les dernières minutes. Son dépassement à Blanchimont était parfaitement digne de la victoire dans la plus grande course du calendrier.
Alessandro Pier Guidi, Ferrari Iron Lynx #51 : “J’ai essayé plusieurs fois de gagner cette course, et après deux deuxièmes places au général et deux victoires en Pro-Am Cup, je suis très heureux de remporter cette victoire. Nous avons mené la plupart du temps, mais dans la dernière demi-heure, tout semblait perdu. Après le restart, j’ai décidé de tout donner, je n’avais pas le choix. Ce n’était peut-être pas le dépassement le plus facile sur Dries, mais il a fait une petite erreur en sortant de Stavelot et j’ai réussi à me rapprocher. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai senti que je devais y aller et cela a fonctionné. C’est un sentiment incroyable et il faudra un peu de temps pour comprendre ce que nous avons accompli.”
Dries Vanthoor, Audi Sport Team WRT #32 : “Avant mon dernier arrêt au stand, j’ai signalé qu’il y avait un gros nuage noir venant en direction du circuit, et l’équipe a immédiatement décidé de monter les pneus pluie. C’était une bonne idée. Mais lorsque les feux sont passés au vert, j’ai tout de suite senti que je disposais pas de toute l’adhérence que j’aurais voulue. Je n’ai pas été surpris lorsque l’équipe m’a dit que la Ferrari me rattrapait. J’ai essayé tout ce que j’ai pu, mais quand il s’est mis à côté de moi, j’ai essayé de jouer franc jeu et nous ne nous sommes pas touchés. De toute façon, ils étaient rapides, sur le sec comme sur le mouillé.”
Ezequiel Perez Companc, Mercedes-AMG #90 Madpanda Motorsport : “Je me suis amusé toute la semaine ! C’est l’objectif principal de Madpanda : nous sommes une équipe “pandémique” et nous essayons d’apporter de la joie aux personnes qui traversent une période difficile. Nous avons travaillé très dur pour ce résultat, et comme nous sommes nouveaux, il n’y avait pas beaucoup de gens qui croyaient en nous. Je suis vraiment fier maintenant et je tiens à remercier tous les membres de l’équipe.”
Duncan Cameron, Ferrari #53 AF Corse : “Quel stress ! J’étais dans mon camping-car quand j’ai entendu la pluie tomber sur le toit et j’étais heureux de ne pas être dans la voiture ! Nous avions une excellente stratégie et toute l’équipe a fait un travail parfait. Génial.”
Manuel Lauck, Porsche #166 Hägeli by T2 Racing : “Cette équipe n’a été créée qu’en début d’année, et bien sûr nous manquions d’expérience. Nous avons perdu une heure parce que nous devions réparer la crémaillère de direction, mais lorsque nous avons vu que l’autre Porsche était sortie, nous étions bien décidés à terminer la course. Au final, nous avons gagné et j’en suis très heureux.”
Source: Com