Toyota perd la victoire dans le dernier tour…
Injuste, la panne survenue à la Toyota n°5 dans l’avant-dernier tour de course l’est assurément. Cette victoire, Toyota la méritait. Mais le palmarès des 24 Heures du Mans retiendra que la 84ème édition, comme la précédente, a été remportée par Porsche. Qui méritait aussi de gagner…
Pourtant, cette “défaite” du géant japonais alors qu’il touchait du doigt son rêve permettra à Toyota de rentrer malgré tout dans les livres d’histoire. Jamais les 24 Heures du Mans n’avaient connu un dénouement aussi dramatique. Au terme d’une course brillamment contrôlée par Toyota, Kazuki Nakajima se préparait à offrir la victoire à la TS050 Hybrid n°5, qui comptait alors environ un demi-tour d’avance sur la Porsche n°2, la seule rescapée dans la bataille pour la victoire. Hélas, à 6′30″ de l’arrivée, le pilote japonais alertait son stand: “Plus de puissance…”
Pour Toyota, le rêve se transformait en cauchemar… Ayant continué à pousser durant toute la nuit, toute la matinée et le début d’après-midi, la 919 de Jani-Dumas-Lieb fondait sur sa proie, qui s’arrêtait dans la ligne droite des stands alors qu’il lui restait un tour à boucler. La surprise mêlée de joie du clan Porsche contrastait avec la détresse du stand Toyota. Si les Japonais restaient – évidemment – stoïques, les autres membres du team fondaient en larmes.
Si elle parvenait à boucler un dernier tour au ralenti pendant que Neel Jani effectuait un tour d’honneur, la Toyota qui devait gagner n’était pas classée, n’ayant pas réalisé cette ultime boucle suffisamment vite. Le calice jusqu’à la lie. Toyota s’offrait malgré tout la deuxième place avec la n°6. Sans une erreur de Kobayashi en matinée, celle-ci aurait certainement pu s’imposer également… Le calice disait-on.
Pourtant, impossible d’affirmer que l’équipage de la Porsche n°2 ne mérite pas cette victoire qu’ils ont tenté durant 23 heures et 50 minutes d’aller chercher. Neel Jani, Romain Dumas et Marc Lieb n’ont jamais rien lâché. Surtout après les soucis de l’autre équipage Porsche. Jusqu’au bout, ils ont continué à attaquer et à mettre la pression sur les deux Toyota. D’ailleurs, et même s’ils célébraient tout à fait logiquement cette victoire, les pilotes Porsche étaient aussi les premiers à reconnaître que Toyota ne méritait pas cela.
Audi ayant trop rapidement été éliminé de la course à la victoire, la fiabilité faisant cette fois défaut aux R18, Toyota et Porsche se sont affrontés 24 heures durant, offrant un incroyable nombre de changements de leader. A chaque ravitaillement, l’avantage basculait d’un camp vers l’autre. En exploitant légèrement mieux l’allocation en carburant avec son V6 turbo, Toyota avait réussi à prendre un léger ascendant sur Porsche. Trop léger cependant pour contrecarrer le moindre incident…
Derrière la Porsche n°2 et la Toyota n°6, les Audi ont ramassé les miettes du festin, se classant aux 4ème et 5ème rangs avec un retard de 12 et 17 tours pour les n°8 et n°7.
Cette édition 2016 des 24 Heures du Mans restera à coup sûr gravée dans les mémoires. Autrement plus qu’un monotone Grand Prix de F1 disputé à des milliers de kilomètres de là, pour un “Grand-Prix d’Europe” (la géopolitique a ses raisons que la raison ignore) dans une belle et grande démocratie (la géopolitique a ses raisons… bis).
En 2017, Toyota reviendra pour prendre sa revanche au Mans. Et Audi aussi…
Photos George Decoster & Toyota