Porsche se retire du LMP1 : comment en est-on arrivé là ?

Circuit Circuit International Martin

La nouvelle était dans l’air depuis plusieurs jours, elle est désormais confirmée : Porsche abandonnera son programme LMP1 en fin d’année. A contrario, le constructeur de Stuttgart s’impliquera de manière officielle en Formula E à partir de 2019. Une discipline moins spectaculaire mais qui a le chic d’attirer les grandes marques comme des mouches. Porsche rejoint ainsi Audi, Mercedes et BMW parmi les poids lourds teutons à s’impliquer dans la série chère à Alejandro Agag. Et fera face à d’autres constructeurs mondialement reconnus comme Renault, DS Automobiles (Citroën) et Jaguar.

Après le retrait de Mercedes du DTM, on peut parler d’une véritable série noire pour nos collègues d’outre-Rhin. Si l’état-major de Porsche invoque un choix politico-stratégique avec l’avènement du programme Mission E et la naissance d’une supercar 100% électrique à l’horizon 2025, l’ombre oppressante du dieselgate qui a éclaboussé le géant de Bade-Wurtemberg. A l’instar de ses cousins du groupe VAG, Volkswagen et Audi, il a fallu faire des économies d’échelle. Les principaux programmes sportifs des trois marques sont donc ainsi passés à la trappe.

Lotterer : « Y en a marre ! »

Déjà victime de l’arrêt d’Audi en fin d’année dernière, André Lotterer devra faire ses adieux pour de bon à la catégorie-reine du WEC, à moins qu’il choisisse de trouver refuge chez Toyota, pour peu que les Nippons poursuivent l’aventure. L’Allemand de Nivelles avait déjà fait part de ses incertitudes mercredi dans le paddock des 24h de Spa : « Je m’attends au pire, avait-il confié à nos confrères de la DH. Ils ne vont pas faire un communiqué pour dire qu’on continue le programme. Après Audi l’an dernier, y en a marre… Où va le sport auto? »

Porsche gardera néanmoins une présence en FIA WEC et en WeatherTech SportsCar Championship par le biais du GTE et du GTLM de part et d’autre de l’Atlantique. Pas question également de mettre au chômage l’intégralité du staff LMP1, pilotes inclus, qui seront recasés à différents endroits. Si une partie d’entre eux participeront au programme Formule E de la marque, il faudra bien occuper les autres.

Assisterons-nous à l’apparition d’une troisième 911 RSR en WEC et aux Etats-Unis ? A une implication accrue dans les différents programmes GT3 à travers le monde ? A la création d’une nouvelle écurie « usine » en GT, sachant que le Team75 de Timo Bernhard sera candidat à la victoire ce week-end à Spa-Francorchamps ? Autant d’inconnues qui devront être résolues dans les prochains jours.

Non, le WEC n’est pas mort

L’arrêt du programme LMP1 de Porsche est évidemment un coup de poignard pour le Championnat du Monde d’Endurance. En attendant l’arrivée annoncée de Peugeot à l’horizon 2020, le LMP1 hybride s’apprête à vivre une longue traversée du désert, où seul le Toyota Gazoo Racing est annoncé jusque-là. A condition que les Japonais ne disent pas « iie » à leur tour, faute de combattants à leur hauteur si les LMP1 privées annoncées ne font pas le poids face à au géant nippon.

Ceci dit, ce n’est pas pour autant que le WEC est en péril. Le LMP2 est plus disputé que jamais, avec une bagarre sans merci notamment entre Jackie Chan DC Racing, Vaillante-Rebellion, Signatech-Alpine et G-Drive Racing. Le GTE-Pro proposera en 2018 une affiche cinq étoiles avec autant de constructeurs, à savoir Ferrari, Porsche, Ford, Aston Martin et BMW. Sans oublier Corvette qui se joindra à la fête mancelle. Et le GTE-Am  n’est pas en reste où Aston Martin doit se cracher dans les mains face à Ferrari et Porsche.

Bref, bon vent à Porsche et rendez-vous en 2018 pour une 7e édition d’un WEC plus attachant que jamais !