Tom Kristensen : “Le plus important pour réussir, c’est la passion”

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Recordman du nombre de victoires aux 24H du Mans (neuf contre six à Jacky Ickx qui est un de ses grands amis), Tom Kristensen est aujourd’hui devenu un ambassadeur de la marque Audi.

A ce titre, mais aussi par amitié avec Vincent Vosse qu’il connaît depuis très longtemps, l’un des Danois les plus célèbres a co-présenté la soirée de lancement de la dixième saison de la plus grande équipe belge de sport auto, WRT. L’occasion de constater qu’il a parfaitement trouvé sa reconversion avec un très bon travail de journaliste, à la fois précis, maîtrisant son sujet avec une pointe d’humour et beaucoup d’humilité.

Tom, pourquoi avoir accepté de présenter cette soirée ?

«Il y a pas mal de raisons. D’abord, je suis un ambassadeur d’Audi comme WRT qui représente la marque avec succès depuis maintenant dix ans dans divers championnats à travers la planète. Ensuite je connais Vincent depuis longtemps, d’abord en tant que pilote. On se voyait à Monaco où il résidait. Je me souviens qu’il courrait partout et tout le temps, plus que moi à l’époque. On partage la même passion et c’est cela qui nous réunit aujourd’hui. Quand vous faites les choses avec passion, vous avez plus de chance de réussir. »

 

WRT s’est lancé cette année en DTM avec deux RS5 semi-privées. Qu’attendez-vous d’eux ?

« C’est un nouveau challenge et un sacré défi. Je connais bien aussi ce championnat auquel j’ai participé. On peut le comparer à la F1 des voitures de Tourisme. Les niveaux de technologie mais aussi de pilotage sont très élevés. Les constructeurs s’impliquent directement et investissent énormément d’argent. Il y a beaucoup de pression quand vous êtes en DTM, que ce soit pour un team ou un pilote. Honnêtement, même si WRT a gagné dès son premier week-end de course en 2010 et a remporté des titres et des victoires bien sûr lors de ses neuf premières saisons, on ne peut  pas attendre qu’ils s’imposent dès leur première année en DTM. Même s’il ne faut jamais dire jamais. Je pense qu’avec la nouvelle règlementation moteur et sur le plan de l’aéro, c’est le bon moment pour intégrer le championnat qui verra s’affronter trois grandes marques avec Audi mais aussi BMW et Aston Martin. Je sais que WRT est sérieux et compétitifs dans tout ce qu’ils font. Je sais que Vincent a l’habitude de réussir ce qu’il entreprend. Je suis convaincu qu’ils auront un futur dans la discipline avec Audi et qu’ils gagneront un jour. Mais quand, cela je ne peux pas vous le dire. »

 

Vincent Vosse a souvent dit qu’il était sans doute plus difficile aujourd’hui de gagner les 24H de Spa que celles du Mans. Vous êtes d’accord ?

« (Rire). Oui et non. J’ai gagné neuf fois dans la Sarthe et je n’ai jamais trouvé cela facile. Il y a certes moins de concurrence car il y a moins de voitures dans la catégorie de pointe au départ, mais avec les vitesses atteintes, la différence entre les protos et les GT, entre les pros et les amateurs, cela reste une course dangereuse. Je dirais en fait que les deux ont leurs particularités et sont difficiles. A Spa, vous savez que vous aller avoir de la pluie à un moment, il faut la bonne stratégie. Dans les deux cas, il faut soigner les détails et ce sont les meilleurs équipages et les meilleurs teams qui l’emportent. Je sais que WRT excelle généralement sur cette course qu’ils ont déjà remportée deux fois. Mais je crois savoir aussi que Vincent rêve de gagner un jour Le Mans… Ma seule participation aux 24H de Spa remonte à 2012 sur une Audi Phoenix avec André Lotterer et Marcel Fassler. On aurait pu gagner si on n’avait pas été victimes d’un stupide accrochage à l’entrée de la pitlane. » 

 

Il y a beaucoup de jeunes nouveaux pilotes cette année chez WRT, en DTM, Blancpain ou TCR ? De plus en plus de jeunes abandonnent assez rapidement la monoplace pour se diriger vers d’autres championnats avec des voitures fermées. Qu’en pensez-vous ?

« Ce n’est pas toujours vous qui décidez. Il y a plusieurs aspects, financiers notamment. On sait comme il est difficile d’accéder à la F1. Moi aussi j’en ai rêvé et à un moment j’ai dû choisir entre tenter de persévérer en monoplace ou devenir professionnel en prototypes. Dans la vie, tout est une question d’opportunités à saisir ou pas. J’ai fait mon choix et je ne l’ai jamais regretté. L’important est d’avoir un gros coeur, de s’accrocher, d’en vouloir. Cela me fait plaisir de voir tous ces jeunes pilotes à la veille de leur saison. Certains sont excités, d’autres stressés, impatients, certains ont un grand sourire, tous sont confiants mais surtout tous sont animés par une même passion pour la course. C’est primordial. »

 

Quel est l’emploi du temps de Tom Kristensen aujourd’hui ?

« Oh, j’ai de quoi m’occuper. Je ne pilote plus en course certes, mais j’ai un rôle d’ambassadeur pour Audi Sport mais aussi pour Rolex. Je suis de temps en temps commissaire sportif lors des GP de F1 et je fais également les commentaires pour la télé danoise. Enfin, je suis consultant Eurosport lors de la grande semaine des 24 Heures du Mans. »

Propos recueillis par Luna de Wilde