Ugo de Wilde déjoue les pièges du Grand Prix de Pau

Circuit Circuit International Martin

Considéré comme un second Monaco, le GP de Pau fêtant cette année ses 76 ans représente un sacré défi. Un combat de rues où l’adhérence est précaire, on flirte avec les rails, on saute sur des chicanes en descente, on passe à fond de cinquième des virages masqués et l’on freine tard face à des murs. Objectif pour les apprentis pilotes de la F4: ne pas voir sa monoplace suspendue par une des nombreuses grues dégageant rapidement la piste. Excès d’optimisme, manque de contrôle, attaques suicidaires, ils sont neuf ce week-end en F4 à s’être laissés piéger à l’image du champion du monde de karting et ex-leader du championnat Victor Martins qui a tapé à deux reprises. Certes moins véloce que les redoublants fortement avantagés sur ce terrain particulier, Ugo, lui, n’a pas confondu vitesse et précipitation, le benjamin du peloton montant en puissance tout au long du week-end sans mettre une seule roue de travers. Une belle preuve de maturité pour un garçon de 14 ans et 5 mois à peine.

« Pau est vraiment un circuit de fou, j’ai vraiment adoré rouler ici avec une impression de vitesse plus grande qu’à Monza, » confie l’un des chouchous du nombreux (30.000 personnes) public palois. « C’est extrêmement difficile d’aller vite sur ce tourniquet.»

D’autant plus quand vous n’avez qu’une demie heure d’essais libres le vendredi à 8h30 du matin pour découvrir ce toboggan de 2,2 km et que cela se passe sous la pluie. « Une véritable patinoire. L’objectif était de rester sur la piste ce que j’ai réussi à faire en me classant 12ème ce que je considérais pas mal pour un début. Malheureusement, j’ai commis l’erreur de modifier mes réglages en mettant beaucoup plus de grip à l’avant. Mais la qualification s’est disputée sur le sec. L’auto décrochait de l’arrière dans le gauche et le très long droite du deuxième secteur où je perdais énormément de temps. Je n’étais pas du tout dans le rythme et déçu de ma 16ème place. D’autant qu’ici il est quasi impossible de doubler… »

Le retour du soleil, un changement de set-up, les conseils de son ingénieur et du poleman et régional de l’étape Arthur Rougier allaient toutefois lui permettre de vite trouver un bien meilleur tempo.

« On m’a conseillé de simplement rester sur la piste et c’est ce que je me suis efforcé de faire tout en essayant de me rapprocher des glissières au fil des tours, » poursuit Ugo. « En slicks sous la pluie, les trois derniers tours de la première manche ont été un véritable enfer. Mais j’ai gardé le bon cap et je revenais même sur certains concurrents comme l’Italien Aldo Festante. »

Classé douzième de la première joute, c’est donc depuis le 12ème rang qu’Ugo s’élançait pour le second exercice. Une place qu’il a tenue durant 23 minutes tout en descendant de manière impressionnante ses chronos dans le sillage de ses anciens camarades de jeu en karting, Victor Martins et Charles Milesi. « J’ai pris un bon envol et j’ai pu prendre la roue de Charles. C’était tellement chaud qu’avec le phénomène de l’accordéon je l’ai même légèrement touché au freinage de l’épingle du Lycée. Dans leur sillage, j’ai appris beaucoup et je me suis rapproché à quatre dixièmes du meilleur tour en course. En fin de parcours, en résistant à Pierre-Alexandre Jean puis à Hugo Chevallier et Florian Venturi j’étais même parmi les quatre ou cinq pilotes les plus rapides en piste. Jamais je n’aurais pu imaginer cela. Je me suis régalé. »

De retour à la 16ème place de départ le dimanche, il gagnait d’emblée une position à l’extinction des feux pour se lancer à la poursuite de Thomas Drouet et Aldo Festante, les deux pilotes partis en première ligne la veille. « Mais il est impossible de dépasser ici sans prendre de gros risques. Et je voulais épargner à papa une franchise spécialement élevée pour ce rendez-vous. Je préfère que cet argent soit consacré à une journée de tests supplémentaires. On n’apprend rien dans le bac ou le rail. Nous ne sommes déjà plus que cinq à la FFSA Academy à avoir terminé toutes les courses, soit neuf départs et neuf arrivées. C’était ma mission de début de championnat. La voilà accomplie.»

A nouveau douzième suite aux accidents de trois adversaires, Ugo, deuxième Junior lors de la dernière joute, a signé à Pau son meilleur résultat d’ensemble depuis le début de la saison. « Mon seul regret est de ne pas avoir encore eu l’occasion de finir dans le Top 10. Mais je suis convaincu que cela va venir. Dès la prochaine manche, chez moi à Francorchamps, je serai plus à l’aise. D’une approche défensive, je vais passer en mode attaque. Ce sera le premier circuit où j’ai eu l’occasion d’effectuer une journée d’essais au préalable. J’adore cet endroit mythique où cette fois marquer mes premiers points sera un objectif tout à fait réaliste. On respecte le plan établi. On ne brûle pas les étapes. A Pau le week-end dernier, dans ma tête, j’ai fait cinq bonnes séances d’essais pour être devant lors de ce prestigieux rendez-vous… en 2018 ! »