Il est bien loin, le temps où Carlos Sainz assumait sur le Dakar son statut de voltigeur, peu adapté à la discipline. Lors de ses trois premières participations (2006-2007-2009), son coup de volant faisait déjà autant de ravages que sur les pistes de WRC, avec 15 étapes remportées sur l’intervalle… mais sans jamais obtenir mieux qu’une 9e place finale. L’année dernière, c’est au contraire une démonstration tout en contrôle qu’a livrée l’Espagnol : un modèle de gestion de course, signe d’une maturité absolue qui lui a permis de remporter un troisième titre, avec une troisième marque différente. La maîtrise du sujet dont a fait preuve El Matador en terre saoudienne après avoir conquis l’Amérique le place comme un favori légitime au titre en jeu sur l’édition 2021. Seulement voilà, ses principaux rivaux pour la gagne ne manquent ni de rapidité, ni d’expérience ! Au sein du team X-Raid, il sera en effet concurrencé par Stéphane Peterhansel, embarqué dans le même buggy deux roues motrices et dont les talents ne sont plus à lister après sept titres glanés uniquement dans la catégorie auto.
Les pilotes d’expérience se trouvent aussi en nombre dans la maison Toyota. Et si Nasser Al Attiyah a lui aussi trimballé en son temps une réputation de casseur d’autos, il est surtout regardé à présent comme une machine à gagner quasi-infaillible. Ses victoires obtenues cette saison sur le Rallye d’Andalousie puis sur les récentes Bajas de Ha’il plaident en sa faveur, mais ses compagnons de route comme le métronomique Giniel De Villiers (13 Top 5 dont 1 victoire en 17 participations) ou le porte-drapeau saoudien Yazeed Al Rajhi (4e en 2020), sont aussi en capacité de faire à nouveau monter un Hilux sur la plus haute marche du podium. Les atouts de Toyota ne s’arrêtent pas là puisque l’écurie a su attirer le Polonais Jakub Przygonsky, dont la progression a été stoppée l’année dernière (19e), mais qui pourrait bien reprendre sa route vers les sommets après avoir frappé aux portes du podium en 2019 (4e).
Le tableau inspiré par le scénario des dernières éditions accorde une place importante au duel Mini-Toyota. Mais les mouvements observés donnent aussi de l’espoir à la concurrence. Nul ne sait encore dans quelle mesure l’aventure de Bahrain Raid Xtreme perturbera les plans des deux écuries dominatrices. En tout cas, la structure Prodrive, qui a largement fait ses preuves en WRC, a su faire appel à deux pointures, Sébastien Loeb et Nani Roma, pour essayer de s’inviter dès sa première participation au bal des prétendants.
Avec un coup d’avance puisqu’il a fait son apparition dans le Top 10 l’année dernière (8e) Mathieu Serradori affiche quant à lui l’ambition de rouler dans les traces de Jean-Louis Schlesser, qui a su au tournant du siècle s’imposer comme le préparateur privé capable de troubler le jeu des puissants. Son discours et son buggy CR6 ont séduit le Saoudien Yasir Seaidan, qui le suivait immédiatement au classement général en janvier dernier et qui l’aidera dans cette mission relevée. Fabriquer des buggys qui surprennent, c’est aussi le crédo de MD Rallye Sport, rejoint cette année par Christian Lavieille. Par ailleurs, les Peugeot qui avaient dicté leur loi pendant trois ans n’ont peut-être pas terminé de rugir dans leur forme recyclée, par les soins de l’Abu Dhabi Racing Team de Khalid Al Qassimi (6e en 2018), qui accueille aussi dans sa structure le duo Cyril Despres-Mike Horn essentiellement concentré sur le développement du projet Gen-Z pour aligner une auto à hydrogène en 2023. À cet horizon et peut-être même avant, il faudra aussi compter sur les clans lituanien et chinois, dont les meilleurs représentants, qu’il s’agisse de Benediktas Vanagas (11e en 2019), de Vaidotas Zala (12e en 2019, vainqueur d’étape en 2020) ou de Wei Han (10e en 2020), comptent bien figurer parmi les protagonistes en vue dans la catégorie.
Source: Com