A la veille de la première étape, le petit monde du Dakar se prête aux spéculations quant aux chances des uns et des autres de prétendre au titre suprême, ou simplement de boucler le parcours dans son intégralité. Pour la caravane du célèbre rallye-raid, un réveillon ultra-light s’imposait hier…
“Mon programme… c’est de fêter le nouvel an,” lançait Sébastien Loeb en se présentant sur le site des vérifications techniques et administratives. Mais il est clair que le nonuple Champion du Monde des Rallyes plaisantait. Car le réveillon passait évidemment au second plan pour tous les pilotes du Dakar, qu’ils visent le titre comme ceux du Team Peugeot, ou qu’ils ambitionnent simplement de rejoindre l’arrivée finale… Un bonheur que la moitié des partants seulement devrait connaître, si l’on s’en tient aux statistiques.
Avec l’entrée sur la scène médiatique des favoris de la course, le ton général a gagné un cran dans la solennité. Du haut de ses 12 succès au Dakar conquis depuis ses débuts en 1988, Stéphane Peterhansel peut aisément prendre de la distance avec le sujet et déclarer qu’il n’est “jamais sur les nerfs ou prêt à attaquer à ce stade. C’est quand on voit les premiers classements qu’on se jette vraiment dans la course.”
La confidence est probablement sincère, mais tous les pilotes ne la partagent pas nécessairement. Même les plus expérimentés comme Joan Nani Roma: “Juste avant de faire ma sieste, j’ai encore senti une boule au ventre… C’est l’adrénaline qui monte. Je me rends compte que je suis dans le même état qu’en 1996 pour mon premier Dakar. Et c’est ça qui est génial, nous avons une chance énorme.”
Le vainqueur auto de 2014 fait désormais équipe chez Toyota avec Giniel de Villiers, qui nourrit lui aussi de grosses ambitions cette année: “Je ne me suis jamais autant préparé pour l’altitude, notamment en dormant dans une tente à oxygène. Nous avons davantage de chances de lutter avec les Peugeot que l’année dernière, ce sera plus serré. D’ailleurs, je préfère subir de la pression et me retrouver à la bagarre à l’avant.”
Avec sa cool-attitude habituelle, Nasser Al Attiyah, lui aussi engagé au volant d’un Toyota Hilux sous la bannière Gazoo Racing, n’imagine pas non plus d’autre scénario qu’une confrontation dans laquelle il aurait le beau rôle: “Je crois que nous sommes prêts, je ferai au mieux pour monter sur la plus haute marche du podium. Je suis sûr qu’on sera dans le match. Et on essaiera de commencer par une victoire sur la première spéciale.”
Les paris sont ouverts dans cette édition qui se présente comme la plus relevée depuis longtemps, avec trois constructeurs officiellement engagés dans la catégorie Autos: Mini, Peugeot et Toyota. Rappelons que Peugeot aligne le quarté de pilotes le plus prestigieux avec Cyrille Desprès, Sébastien Loeb, Stéphane Peterhansel et Carlos Sainz, tous sur de nouveaux 3008 DKR. Sans oublier Romain Dumas, qui disposera, avec le soutien de Real Solutions via Christian Kelders, d’un 2008 DKR suivi par l’équipe PH Sport.
Grand dominateur de la discipline avant la venue de Peugeot, Mini fait cette fois figure de parent pauvre avec seulement le encore peu expérimenté dans le domaine Mikko Hirvonen et le fantasque Yazeed Al Rajhi comme fers de lance. Notons que Tom Colsoul est à nouveau intégré au “team B” de Mini, comme copilote du Polonais Przygonski.
Le principal outsider de Peugeot, dès lors, est Toyota avec les Hilux développés, construits et suivis par le team belge Overdrive de Jean-Marc Fortin. Avec Al Attiyah, de Villiers et le revenant Carlos Rautenbach sous la bannière de Gazoo Racing South Africa, plus Nani Roma et l’expérimenté Romain Chabot. Pour la toute première fois, Overdrive, vainqueur de la dernière Coupe du Monde des Rallyes-Raids avec Al Attiyah, a eu l’occasion de faire une grosse séance d’essais en préparation du Dakar. Dans la dernière édition d’Autonews, en librairie depuis quelques jours, nous vous présentons une visite des nouvelles installations d’Overdrive et une intéressante interview de Jean-Marc Fortin.