Les sommets enneigés surplombant Arequipa, la ville de départ du jour, ne laissaient guère de doutes quant à la nature de l’étape à venir : elle allait être montagneuse, avec l’ascension vers l’Altiplano le long du lac Titicaca et La Paz, plus haute capitale (Bolivie) au monde, via des pistes rapides. À pareille altitude, 4600 mètres pour le point culminant de la spéciale, la raréfaction de l’oxygène a non seulement des effets néfastes sur les organismes, souvent en proie à des maux de tête, mais aussi sur le fonctionnement des moteurs, qui perdent de leur puissance. A fortiori lorsqu’ils sont atmosphériques comme le V8, pourtant brillant du Toyota Hilux.
Sous la pluie qui s’invitait à la fête, il fallait donc toute la détermination et le talent de Nasser Al Attiyah, Giniel De Villiers et Bernhard Ten Brinke pour permettre au Toyota Gazoo Racing SA de réaliser un tir groupé aux troisième, quatrième et septième places, avec un débours de temps limité. Des performances qui leurs permettent de maintenir le leader de l’épreuve sous pression à l’orée de la journée de repos à La Paz. Une journée de repos bienvenue pour recharger les batteries avant une deuxième de partie de course qui s’annonce tout autant palpitante et incertaine. Elle débutera sur les chapeaux de roues après demain, avec la première partie de l’étape dite marathon, entre La Paz et Uyuni (425 km de spéciale) en Bolivie, où les équipages devront se débrouiller seuls le soir venu pour assurer l’assistance de leur monture. Avant d’enchaîner le lendemain par près de cinq cent kilomètres supplémentaires de chrono jusqu’à Tupiza. Autant dire un sacré morceau de choix en deux temps à venir…
« Ce n’était pas une spéciale facile, avec de la pluie, de la neige, décrivait Nasser Al Attiyah. Elle était aussi très rapide, or avec notre moteur atmosphérique, on manquait de puissance, de vitesse de pointe également, comparé aux turbo diesel de nos principaux concurrents. La journée de repos arrive à point nommé après une première semaine difficile. Mais nous allons continuer à attaquer et mettre la pression sur nos adversaires. »
« On a connu une première semaine correcte, analysait Giniel De Villiers. Dommage que nous soyons restés longtemps enlisés au cours de la quatrième étape dans les dunes. Aujourd’hui encore, on a effectué une bonne spéciale. La route est encore longue jusqu’à l’arrivée, on a disputé six étapes, or il en reste encore huit à négocier. Beaucoup de choses peuvent encore survenir, notamment du côté de Fiambala et Belen, même s’il ne faudra pas non plus négliger l’étape marathon d’Uyuni. Si tu te fais piéger sérieusement dans Fiambala, tu peux perdre facilement une heure. »
« La première partie du chrono s’est bien passée pour nous, confessait Bernhard Ten Brinke. Sur la deuxième, c’était impossible ne serait-ce que de suivre les Peugeot, ils ont tellement de puissance comparé à nous. J’étais derrière Peterhansel, et il volait littéralement dans les flaques d’eau, tandis que moi j’étais obligé de choisir de nouvelles trajectoires à gauche ou à droite. Peut-être aurions-nous pu opter pour des réglages plus typés rallye, car l’auto bougeait un poil trop à mon goût, mais je suis content d’être troisième à la journée de repos. Je m’y attendais pas, pas grand monde ne s’y attendait je pense ! On va tâcher de continuer sur notre lancée. »