ESSAI JAGUAR F-TYPE R

Industrie Marc LACROIX

L’an dernier, Jaguar a offert à sa très belle F-Type une petite remise à niveau plutôt bénéfique au niveau esthétique, accompagnée d’une adaptation technique se passant désormais du 6 cylindres, pour ne conserver que la 4 cylindres et son 2 litres 300ch et, en haut de gamme, le musical V8. Alors que nous avions découvert la F-Type 2020 au travers de la première, nous avions envie de prendre les commandes de la seconde. Bilan de quelques jours passés aux commandes de la F-Type R. (27.03.2021 – Marc Lacroix / Illustrations constructeur)

 

DESIGN

Nous ne nous étendrons pas sur l’aspect esthétique de cette F-Type, déjà passé au crible précédemment, mais ce coupé, premier réel digne héritier de la Type-E des années 60, reste assurément un des plus beaux du moment.

 

Dans la livrée jaune mat qui habile notre exemplaire, le moins que l’on puisse dire est que nous ne passons pas inaperçus ! Presque gênant dans ce monde où tout dérange, a fortiori quand on sait ce qui se cache sous le long capot ; on y revient… Mais bon, n’y pensons pas et profitons du moment qui nous est offert en tant que passionné de belles machines.

 

TECHNIQUE

Sous ce beau et joli capot, la marque au félin a installé un bloc racé… en voie de disparition : un V8 avec compresseur 5 litres de 575 ch / 700 Nm pour… 1.743 kg ; boîte 8 automatique signée ZF.

 

A BORD

Comme pour l’extérieure, on ne s’étendra plus sur l’habitacle. On se limitera juste à rappeler qu’il est strictement réservé à 2 personnes, que l’ambiance y est gentiment premium-sportive, que la qualité générale est impeccable (matériaux et finition), sans nécessairement égaler celle des concurrentes allemandes, qui restent aussi moins bien fournies en série.

 

Les différents réglages permettent de se sentir idéalement installés de bons baquets au soutien impeccable. L’instrumentation est complète et bien agencée mais le graphisme des compteurs numériques ne nous convainc toujours que moyennement ; il manque clairement de classe vis à vis de cette auto. Assez logiquement, les possibilités offertes par le coffre de 336 litres, tout en longueur, restent assez limitées mais suffisantes dans la plupart des cas.

 

SUR LA ROUTE

La mise en marche (et l’arrêt) du moteur se fait via bouton circulaire positionné sur la console ; le ronronnement velouté du V8 reste relativement réservé ; un bouton dédié à activer les clapets d’échappement changent profondément la donne avec alors une sonorité virile et des pétarades qui feront le bonheur de ceux qui aiment cela. Le rayon de braquage n’est pas des plus courts mais l’on s’y accommode aisément, tout comme à la vision de la route, que limitent la position basse et l’interminable capot plongeant ; gare aux bordures et autres nombreuses “pollutions paysagères” qui garnissent de nos jours le réseau routier et ses abords…

 

Le 5 litres se révèle totalement docile au démarrage et ne pose aucun souci en usage urbain ; le confort demeure assez correct pour un tel véhicule. A l’opposé, mode Sport (dynamique TBC) activé, l’ambiance change avec des suspensions et une direction raffermies.

 

En action, châssis et direction révèlent un calibrage savamment distillé ; l’ensemble est homogène, la boîte (via palettes au volant ou levier) se veut réactive et suit tant à la montée, qu’à la descente, et permet à la puissance moteur de s’exprimer vivement.

 

En dépit d’une masse importante (1,7 tonne en dépit d’une architecture alu !), le comportement reste correct. La puissance est débitée en permanence et de façon linéaire, avec des poussées musclées ; sur le sec, le démarrage “pied dans le phare” engendre une amorce de patinage des roues postérieures (toujours favorisées par la transmission intégrale), rapidement contrôlé par le système antipatinage ; 0-100 km/h avalé en 3″6.

 

Amateurs de grosses attaques, il va vous falloir faire preuve de vigilance et savamment doser votre pied droit ; plus les appuis deviennent forts, moins on sent la F-Type à son affaire ; GT classe, assurément oui, hyper sportive, pas vraiment… Inutile d’ajouter qu’à ce rythme effréné, la conso s’envole dans des proportions qui ne manqueront pas de susciter des réactions de la part des écolos de toutes sortes…

Si les 127.530€ réclamés pour cette petite merveille anglaise peuvent a priori paraître élevés, il faut tenir compte de ce qu’elle propose en série, notamment une dotation en série généreuse dont les allemandes ne pourront se targuer qu’à condition de cocher des cases sur la longue liste des options traditionnellement proposée par les marques d’outre-Rhin. Avec une vraie identité, une classe et un raffinement britanniques, un V8 chantant et percutant, générateur de performances de premier ordre, et avec ce plaisir ressenti au volant, la F-Type R est assurément un engin que vous ne pourrez regretter. Peut-être aussi un collector en devenir, car à l’heure où la marque se prépare à passer intégralement à l’électrique (démarche amorcée avec ses F-Pace et E-Pace hybrides et son remarquable i-Pace), elle est peut-être le dernier témoin d’une génération-passion délibérément exterminée sur l’autel d’une certaine propension qui met désormais en avant les interdit, à commencer par ceux liés au plaisir. En ce qui nous concerne, retrouver une “vraie” voiture “qui vit et chante” nous a submergé de bonheur…

 


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