Les pilotes Citroën dévoilent leurs montures…et leurs ambitions
Ce jeudi soir les troupes chargées de représenter les intérêts de Citroën Belux pour le prochain Rallye du Condroz s’étaient donné rendez-vous dans les ateliers de MY Racing pour la désormais traditionnelle conférence de presse d’avant épreuve. Dans une ambiance très détendue, Kevin Demaerschalk, François Duval, Yves Matton et Bruno Thiry ont fait part de leurs ambitions respectives en vue de la classique hutoise de fin de saison.
Yves Matton-Thierry Denis (Citroën C4 WRC N°9)
On ne présente plus la « love story » qui lie Yves Matton au Rallye du Condroz. Depuis 2008, le Directeur sportif de Citroën Racing s’est toujours démené pour offrir des opérations sympathiques au public belge. « On peut se targuer d’avoir fait venir à Huy les champions du monde des rallyes de ces 15 dernières années puisque tant Sébastien Loeb, Petter Solberg et Sébastien Ogier sont venus découvrir les routes condruziennes et hesbignonnes. L’idée du projet de cette année, que nous avons appelé « Belgian Battle » est partie d’un coup de téléphone que m’a donné François Duval. Il se disait motivé pour défendre nos couleurs en vue du Condroz. Je lui ai dit de me laisser quelques jours et cette idée de représenter 3 générations de pilotes a germée dans ma tête. Avant Thierry Neuville, François et Bruno Thiry ont été 2 de nos meilleurs fers de lance en championnat du monde. Cela faisait pile 20 ans que Bruno remportait son premier Rallye du Condroz, et 10 ans que François le gagnait pour la dernière fois. Le lien était là et pour représenter la dernière génération, celle de la jeunesse, nous avions déjà Kevin Demaerschalk dans nos rangs puisqu’il nous a défendu nos couleurs plusieurs fois en championnat de Belgique ces deux dernières années. »
D’un point de vue personnel, « Red Bison » s’alignera sur la Citroën C4 WRC qui lui avait si bien réussi l’an dernier : « Il s’agit à nouveau d’une des autos de Jean-Marie Cuoq. Elle me convient bien et j’espère rééditer le top 5 de 2016. L’important est que les voitures affublées du chevron soient aux avant-postes. La concurrence est bien armée et la tâche ne sera pas simple mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce sport. »
Bruno Thiry-Stéphane Prévot (DS 3 R5 N° 2)
Quinze ans après leur dernière course en commun, qui s’était soldée par une victoire ici même au Rallye du Condroz, le couple Thiry/Prévot se reforme pour la plus grande joie des suiveurs : « Nous avons ressenti une très belle ferveur populaire lorsque notre participation a été officialisée », clament-ils en cœur. « D’anciennes connaissances m’ont laissé de nombreux messages me disant qu’elles allaient revenir sur le rallye juste pour nous revoir passer, notamment dans les Cantons de l’Est d’où je suis originaire », renchérit Bruno. D’autant plus enthousiaste qu’il s’attendait plutôt à jouer le rôle d’ambassadeur sécurité à la demande du Motor Club de Huy et qu’aujourd’hui il sera, à priori, celui qui ouvrira la route ce samedi. Tout un symbole. « Rien de tout ça n’était sur la table voici deux mois encore et, contrairement à ce que certains pensent, l’opération n’a pas été facile à boucler. Vous savez, je suis un retraité du sport automobile et je n’avais plus aucune connaissance du prix pour aligner une voiture de pointe dans un Condroz. Aujourd’hui je sais….et je vous avoue que je me demande comment font les autres tant je suis effaré des budgets actuels. Nous attendons tout de même 18 R5 au départ mais tant mieux pour le public. Je leur demande juste de respecter les consignes de sécurité, il en va de l’avenir du rallye belge. »
Quant aux ambitions de l’équipage, elles se veulent mesurées : « Le but est de se faire plaisir et de découvrir le pilotage de ces fameuses R5. J’ai sauté une génération puisque je n’ai même pas connu les S2000. J’ai fait un bref galop d’essai mardi soir et je n’ai pas été sensiblement impressionné mais il faisait nuit. Nous verrons au terme de la séance d’essai programmée jeudi. Quoiqu’il en soit je reste réaliste et je ne m’offusquerai pas si je suis à 1 seconde au kilomètre des meilleurs en début de course. Mes derniers rallyes modernes je les ai disputés en DS 3 R3 en briguant chaque fois la victoire dans la classe, c’est vrai, mais c’est une voiture de papy (rires). Ici on va de nouveau jouer dans la cours des grands. » Toujours intéressante l’analyse de Stéphane Prévot vaut aussi le détour : « En début de course je pense que Kevin Abbring et Kris Princen vont partir très fort et on peut s’attendre à l’une ou l’autre surprise. Ce Condroz est de loin l’un des plus facile qu’ont ait connu au niveau du parcours. Il n’y a plus de vraies spéciales de nuit pour dire et il est aussi plus court en kilomètres. Je m’attends donc à moins de surprises que d’habitude. Il s’agira d’un vrai sprint. La différence par rapport à mes participations d’il y’a 20 ou 25 ans avec Bruno ? On a juste reconnu 3x moins qu’à l’époque ! »
François Duval-Xavier Portier (DS 3 R5 N° 11)
« Yves Matton a toujours monté de belles opérations pour le Rallye du Condroz et j’avais vraiment envie d’en faire partie cette fois-ci. Je suis conscient que nous ne disposons pas de la meilleure arme sur le papier mais je m’aligne ici dans une optique différente de celle qui a parfois pu être la mienne dans le passé. J’estime que je n’ai plus rien à prouver. Avec Xavier Portier, mon copilote pour l’occasion, nous ferons notre course du mieux que nous pouvons. J’ai un excellent souvenir de la DS 3 R5 lors de ma seule épreuve à son volant, l’an dernier au Rallye de Wallonie. J’avais été de loin le plus rapide avant une sortie de route que je mets sur le compte de la fatigue. Il s’agissait d’une spéciale de nuit et je ne suis pas plus friand que ça de ce genre d’exercice. Cette édition du Condroz se termine plus tôt qu’à l’accoutumée et nous ne devrions disputer qu’une seule spéciale nocturne, voilà qui n’est pas pour me déplaire, » expliquait un François Duval beaucoup plus détendu qu’auparavant.
Et si ce n’était pas dans cette posture et avec cette vision des choses qu’ « Obélix » est le plus dangereux ? « Je laisse les Skoda assumer leur rôle de favorites. Le seul facteur qui m’inquiète un peu est la mise au point de la voiture. J’aime le comportement nerveux de la DS mais encore faut-il l’adapter à mon pilotage et, surtout aux routes belges. La mienne viendra de France et je ne veux pas revivre le scénario de l’an dernier avec la Hyundai que nous avions eu du mal à configurer à notre main. » Revigoré, François évoque même des projets futurs : « J’ai vraiment envie que cette collaboration avec Yves Matton se passe pour le mieux. Avec le rapprochement des entités sportives Citroën et Peugeot au sein du groupe PSA on peut imaginer un mini programme de quelques rallyes et quelques manches de rallye-cross l’an prochain. Voire même de l’historique. Il ne m’en faut pas plus de toute manière. Le courant avec Xavier Portier passe très bien également. Il est du coin et a navigué des pilotes comme Bruno Thiry, Yves Matton ou Stéphane Lefebvre. »
Kevin Demaerschalk-Bram Eelbode (DS 3 R5 N° 16)
Âgé de 26 ans, le Brabançon Kevin Demaerschalk est le plus jeune des 3 pilotes alignés officiellement sur les DS3 R5. C’est pourtant celui qui connait le mieux la voiture : « C’est vrai qu’il s’agit de ma seconde saison au volant de la DS 3 R5 mais nous n’avons pas toujours été verni, particulièrement cette année. Le premier objectif est de voir l’arrivée mais j’aimerai conclure ma saison par un beau résultat. Après les malchances que nous avons subies ça mettrait du baume au cœur de tous ceux qui croient en nous. Il y’a du beau monde au départ et il faudra se cracher dans les mains. Même s’ils ont moins de kilomètres que moi au volant de l’auto, je reste convaincu que François, et même Bruno, ne tarderont pas à aller très vite. Il ne faut pas oublier qu’ils connaissent très bien le parcours et leur expérience risque d’être prépondérante en cas de conditions météorologiques difficiles, ce qui semble être le cas pour samedi d’après les prévisions actuelles. »