Il n’aura fait que passer à Versailles. Après trois rallyes pour le compte de Citroën Racing, Andreas Mikkelsen traverse le Rhin pour trouver refuge chez Hyundai, à Alzenau. Voilà le Norvégien bombardé au volant de l’i20 WRC dans le but de soutenir Thierry Neuville et barrer la route à son ancien équipier Sébastien Ogier.
Pour Yves Matton, Team Principal de l’équipe aux chevrons, ce départ du Nordique n’est pas une surprise mais ne se fait pas sans regrets, l’ex-officiel Volkswagen ayant terminé deuxième du dernier Rallye d’Allemagne avec Citroën. Entretien.
Yves, à partir de quand est-il apparu qu’Andreas ne pourrait pas poursuivre l’aventure avec Citroën?
“C’est juste après l’Allemagne que nous avons compris qu’il serait compliqué de continuer notre collaboration avec Andreas. Depuis le départ de Volkswagen, il est en contact avec toutes les équipes actuellement engagées en WRC. Hyundai a fini par lui faire une offre. Nous avons dès lors préféré nous concentrer sur nos discussions avec Sébastien Ogier dans l’espoir d’obtenir ses services.”
Entre les deux parties, lequel a décidé de se séparer de l’autre en premier?
“Nous savions que nous avions un deal courant sur quelques rallyes seulement avec Andreas. Il a d’abord fait pour nous la Sardaigne. Et puis, nous avons convenu avec son entourage qu’il pourrait encore faire la Pologne et l’Allemagne. Nous étions tout à fait conscients qu’il était en contact avec d’autres constructeurs. Les négociations entre son management et Hyundai durent depuis plusieurs mois.”
Serait-il resté si Citroën lui avait proposé un volant à temps plein?
“Il était assurément très content de ce que nous avons pu faire avec lui et que nous ayons pu adapter la C3 à son style de pilotage. Il est évident que si nous avions pu lui présenter un deal s’alignant sur les propositions de nos rivaux, il aurait eu beaucoup plus de mal à faire son choix pour fin 2017 et 2018. Nous sommes bien sûr déçus de le voir partir car c’est un pilote très positif, méthodique et pragmatique.”
Pourtant, quand il est arrivé au sein de l’équipe, ce n’était pas gagné…
“Ça, c’est certain. La C3 ne convenait pas du tout à son style de pilotage. Nous avons dès lors fait le choix que c’est la voiture qui devait s’adapter à son pilote, et non l’inverse. Et cela a porté ses fruits avec la deuxième place du Deutschland.”
Pour son passage chez Citroën, quel souvenir gardez-vous de lui?
“Nous avons été très satisfaits de ses services. Il savait générer une bonne ambiance au sein du team. Sa motivation et son humeur toujours hyper positive nous ont beaucoup marqués. Nous avons tout fait pour travailler de concert afin de progresser ensemble et d’être plus performants.”
Pensez-vous qu’il pourrait jouer un rôle de bras droit pour Thierry Neuville dans la lutte pour le titre?
“Oui, je le pense. Il aura l’avantage d’avoir une meilleure position de départ que celle d’Ogier ou de Neuville. Cela pourrait lui permettre de jouer les avant-postes lors du premier jour avant de laisser la place à Neuville. Si Thierry se retrouve en mauvaise posture pendant un rallye, il pourrait surgir pour grignoter quelques points à Ogier pour l’empêcher de prendre trop d’avance au championnat. Hyundai veut rafler au moins une des deux couronnes mondiales. Selon moi, si l’équipe l’a déjà engagé pour la fin de la saison, c’est justement pour qu’il joue les porteurs d’eau envers Thierry et ramène un maximum de points. Cela fait certainement partie du deal.”
Que pouvons-nous espérer des Citroën pour les trois derniers rallyes de la saison?
“Ce serait bien d’en gagner au moins un. Nous comptons aussi sur nos jeunes loups que sont Craig Breen et Stéphane Lefebvre. Craig s’est montré excellent en termes de régularité en alignant les cinquièmes places, mais nous allons désormais lui demander de hausser le rythme afin qu’il puisse jouer les avant-postes. Stéphane est quant à lui revenu à son niveau de performance d’avant son accident du Deutschland 2016. Il a déjà montré, notamment en Pologne, qu’il était bel et bien revenu aux affaires.”
L’équipe est-elle déjà tournée vers 2018 ou encore concentrée sur 2017?
“Nous avons tourné nos ressources sur 2018 depuis quelques semaines déjà. Le programme que nous menons en essais est notamment différent. Mais cela ne nous empêche pas d’encore espérer quelques performances de choix pour la fin de la saison.”
Propos recueillis par Martin Businaro